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Je suis essoufflé : normal ou pas ?

L’essoufflement à l’effort (votre médecin parlera peut-être de « dyspnée », le terme médical signifiant une sensation de difficulté à respirer) est un symptôme très fréquent qui peut être en rapport avec de nombreuses situations et va souvent nécessiter une consultation chez votre médecin pour éliminer une pathologie (maladie).

Mécanisme : lorsque l’on pratique un exercice, les muscles mis en mouvement ont besoin d’oxygène (O2). Cet oxygène est apporté par le sang. Il se fixe sur l’hémoglobine, protéine située dans les globules rouges et, au contact du muscle, est transmis à la fibre musculaire. Là, l’oxygène participe à la formation d’énergie nécessaire à la contraction en « brulant » les sucres et les graisses. Cette opération entraîne la production de gaz carbonique (CO2).

Plus l’effort augmente, plus la demande en oxygène et plus la production de gaz carbonique augmentent. C’est ce dernier qui va stimuler la ventilation pulmonaire pour que les échanges au niveau de l’alvéole augmentent et que la quantité d’oxygène inspirée soit plus importante.

Parallèlement, le débit cardiaque va augmenter lui aussi pour apporter « plus » d’O2 à chaque battement. Ce débit augmente en augmentant la quantité de sang éjectée à chaque battement et en augmentant le nombre de battements par minute (fréquence cardiaque).

En résumé, quand on fournit un effort, le cœur s’accélère et la fréquence respiratoire aussi. Pour des fréquences respiratoires élevées, on peut avoir une sensation d’essoufflement.

Lorsque l’effort est maximal, cet essoufflement est tout à fait normal !

En revanche, il sera anormal dès qu’il survient pour un effort non maximal et d’autant plus suspect de pathologie que l’effort est modéré.

Il y a donc plusieurs éléments qui peuvent provoquer un essoufflement.

  • Le muscle : Lorsque la masse musculaire est peu importante (chez les sujets sédentaires peu actifs) ou lorsque le muscle ne peut pas utiliser l’oxygène en raison de maladies heureusement rares (myopathies)
  • Le poumon : lorsqu’une pathologie pulmonaire diminue les échanges au niveau du poumon.
  • Le sang : lorsqu’il n’y a pas suffisamment d’hémoglobine dans le sang. (anémie)
  • Le cœur : lorsque le cœur ne peut pas assurer un débit suffisant. (insuffisance cardiaque par exemple)
  • Le cerveau : car c’est quand même lui qui interprète les signaux envoyés par l’organisme et il peut se « tromper » (je me sens essoufflé alors que tout est normal) ou déclencher une hyperventilation (sujets anxieux par exemple).

On le voit, les causes sont multiples et la plus fréquente est celle liée au muscle, c’est-à-dire à la capacité physique. Et à la désadaptation à l’effort engendrée par la sédentarité.

Le muscle

Toutes les enquêtes le montrent, la capacité physique et l’activité physique des Français ne sont pas suffisantes.

Deux définitions sont importantes : celle de la sédentarité et celle de l’activité physique.

La sédentarité se définit comme un temps éveillé passé en position assise ou couchée plus de trois heures par jour sans bouger (et non pas comme on le croit souvent par l’absence d’activité sportive ! De très nombreuses personnes sont au quotidien dans cette situation, notamment au travail (assis devant un écran informatique, conducteur de voiture, camion, train, car, etc..) au domicile (télévision, jeux vidéo, jeux de cartes, échecs, télétravail, etc.) ou en vacances (chaise longue !) alors qu’ils peuvent pratiquer une à deux heures de sport par semaine.

Bien entendu, l’inactivité physique (définie comme l’absence de sport) est également un facteur de risque responsable de 10 % des décès en Europe !

On distingue donc 4 catégories de personnes:

  1. Les sédentaires inactifs (qui passent plus de 3 heures par jour immobiles et ne font pas de sport)
  2. les sédentaires actifs (qui passent plus de 3 heures par jour immobiles, mais font du sport)
  3. les non-sédentaires inactifs,
  4. les non-sédentaires actifs.

L’essoufflement est plus fréquemment retrouvé dans la première catégorie que dans la dernière.

La capacité physique diminue régulièrement avec l’âge. Un sujet jeune n’aura aucune gêne dans la pratique du golf même sur les terrains les plus accidentés, alors qu’un sujet âgé lui sera plus vite essoufflé (bien entendu en fonction de sa capacité). On retrouve aussi une différence selon le sexe, les femmes, ayant généralement une capacité physique moyenne plus faible que les hommes. (différence en lien en partie avec une masse musculaire plus importante chez l’homme)

Le tableau 1 montre la capacité physique en fonction de l’âge chez les hommes et les femmes chez des sujets sédentaires. Les METs permettent de mesurer cette capacité qui est liée à la consommation d’oxygène : un MET correspond à une consommation de 3,5 ml/min/kg de O2 (ce qui est la consommation de repos moyenne)

Le tableau 2 résume le nombre de METs pour la plupart des activités de la vie quotidienne.

Tableau 1

Tableau 2

Si votre capacité à l’effort est faible, pas de panique ! On peut l’augmenter en pratiquant plus d’activité physique ! il suffira de vous entraîner ; sport en salle, jogging, avec un coach, etc. ou en jouant plus souvent dans la semaine. (idéalement s’entrainer au moins 3 fois, réparties dans la semaine)

Les facteurs aggravants sont :

  • L’obésité  : l’effort est plus intense en raison de la surcharge pondérale
  • Le climat : lorsqu’il fait trop chaud ou trop froid, en cas de vent fort et de pluie la dépense énergétique devient plus importante pour par exemple une même vitesse de marche.
  • Le terrain plus ou moins accidenté, l’espacement entre les trous augmentent encore les difficultés.
  • Jouer après un repas trop copieux et/ou trop arrosé est déconseillé, car il y aura une compétition entre les flux sanguins chargés d’assurer l’irrigation des muscles et ceux destinés à la digestion.
  • Une maladie aiguë intercurrente (grippe, thyroïdite, polyarthrite, etc.) est souvent responsable d’une demande accrue d’oxygène.

Les maladies musculaires sont heureusement rares et nécessitent une prise en charge dans les services spécialisés.

Le diagnostic de l’origine de l’essoufflement peut être fait à partir d’un test d’effort avec mesures des gaz expirés (O2, CO2), examen qui permet d’orienter le diagnostic vers le cœur, le poumon ou le muscle devant un essoufflement.

Le poumon

Le poumon est l’organe qui va évacuer le CO2, produit de la glycolyse (lyse des sucres pour fabriquer l’énergie) et prélever l’oxygène de l’air qui va se fixer sur l’hémoglobine.

La capacité respiratoire est variable selon les individus, mais elle est aussi fonction de sa capacité physique et de son niveau d’entrainement.

Elle dépend ;

  1. du volume des poumons (toute déformation de la cage thoracique peut entraîner une restriction pulmonaire)
  2. des « tuyaux » qui apportent l’air jusqu’aux alvéoles pulmonaires, les bronches (rétrécies dans l’asthme, la bronchite chronique obstructive)
  3. de l’alvéole elle-même détruite ou non fonctionnelle (emphysème pulmonaire, trouble de la diffusion des gaz, fibrose pulmonaire)

Le poumon est particulièrement mis en cause chez les fumeurs, le tabac étant le premier responsable de la bronchite chronique obstructive et de l’emphysème : Donc tout essoufflement chez un fumeur doit conduire à faire un bilan qui comprendra une spirométrie et une imagerie des poumons.

  1. La spirométrie mesure la ventilation et évalue les volumes pulmonaires (on souffle dans un tube et l’opérateur note les volumes et note les freins éventuels à cette expiration. IL existe ou des examens plus poussés comme une pléthysmographie, des gaz du sang par ponction artérielle un test d’effort avec mesure des gaz expirés.
  2. L’imagerie consiste le plus souvent en une radiologie du thorax ou un scanner, une scintigraphie pulmonaire voire une endoscopie.

Si votre essoufflement est lié à une pathologie pulmonaire, cela ne vous empêchera pas de jouer au golf, au contraire. On sait que la pratique régulière de l’exercice physique fait partie de la réadaptation des insuffisants respiratoires et permet d’augmenter la capacité de manière significative !

Le sang

On l’a vu, l’hémoglobine joue un rôle important sur notre capacité physique. D’ailleurs ceci n’a pas échappé à certains sportifs qui utilisent les produits sanguins à des fins de dopage !

Si d’avoir beaucoup d’hémoglobine augmente la performance, d’en avoir trop peu la diminue.

Lorsque le taux d’hémoglobine est trop faible (ce qu’on appelle l’anémie), la performance diminue et l’essoufflement survient.

L’anémie peut avoir plusieurs causes et peut être plus ou moins importante.

On la suspecte lorsque l’essoufflement s’accompagne de tachycardie (accélération du cœur) et la de fatigue. On constate le plus souvent une pâleur au niveau de la peau et des muqueuses (aspect rose pâle de l’intérieur de la paupière inférieure). Les examens biologiques feront le diagnostic.

Le cœur

Lui aussi peut être responsable d’un essoufflement à l’effort et les raisons sont ici encore nombreuses.

Le muscle cardiaque :

Il s’agit soit une diminution de la force de contraction et donc de l’éjection du sang dans les artères de l’organisme (insuffisance cardiaque) soit d’un défaut de remplissage lié à un muscle trop épais par exemple. En effet, pour pomper il faut « aspirer » d’un côté et « éjecter » de l’autre : si une faible quantité de sang entre dans le cœur, une faible quantité en ressortira.

Cette insuffisance cardiaque peut être due à une anomalie du muscle cardiaque lui-même (anomalie congénitale ou génétique), d’une infection du cœur par un virus (on parle de myocardite) ou d’une atteinte toxique (produits toxiques, certains médicaments en particulier certaines chimiothérapies en oncologie)

Les valves cardiaques :

Les valves cardiaques permettent au sang de circuler d’une cavité à l’autre et d’être éjecté dans les artères pulmonaires pour y être oxygéné et dans l’organisme tout entier à partir de l’aorte. Si une valve (ou plusieurs en même temps) est défectueuse, soit rétrécie, soit fuyante (elle se referme mal) soit les deux, le débit cardiaque sera diminué ce qui engendrera l’essoufflement. Il est possible que dans certains cas cette dyspnée s’accompagne d’une douleur thoracique et très souvent d’un souffle à l’auscultation du cœur qu’entendra le médecin pendant l’examen clinique.

Le système électrique du cœur :

Il peut s’agir aussi d’une maladie touchant le système électrique du cœur, celui qui lui permet de s’accélérer à l’effort. Dans ces cas, il existe souvent une bradycardie (cœur trop lent) même au repos qui ne s’accélère qu’insuffisamment à l’effort et donc ne permet pas un débit cardiaque adéquat comme expliqué précédemment, le débit cardiaque c’est la quantité éjectée multipliée la fréquence cardiaque, c’est-à-dire le nombre de battements par minute. Si celui-ci ne peut augmenter, l’augmentation du débit cardiaque est également bridée. C’est le cas aussi chez certains sujets porteurs d’un stimulateur cardiaque ; un réglage sera alors nécessaire.

Les artères coronaires :

Il peut s’agir, c’est malheureusement une cause fréquente, d’une atteinte des artères coronaires, qui sont les artères qui irriguent le muscle cardiaque lui-même. Généralement, lorsqu’il existe une maladie coronaire, le sujet ressent plutôt des douleurs dans la poitrine, mais dans certains cas il ne s’agit que d’une oppression ou d’une dyspnée, notamment chez les femmes. Pour orienter le diagnostic, on recherchera des facteurs de risque de cette maladie ; à savoir

  • Diabète
  • Taux de cholestérol trop élevé
  • Tabagisme
  • Hypertension artérielle
  • Hérédité
  • Antécédents de maladie vasculaire (artérite des membres inférieurs, plaques athéromateuses sur les carotides…)
  • Âge
  • Sédentarité
  • Surpoids

Un examen cardiologique est absolument indiqué avec un examen clinique, un électrocardiogramme de repos et d’effort et éventuellement une série d’examens complémentaires si le diagnostic se précise (échographie, scintigraphie, coronarographie).

Dans presque tous les cas, après traitement, on pourra continuer le golf : on le conseillera même chez ceux qui ne le pratiquent pas, car il permet d’améliorer considérablement le pronostic de ces patients.

Le cerveau

Il joue lui aussi un rôle important. L’anxiété, la dépression sont souvent responsables de troubles respiratoires, mais la pratique d’un exercice régulier permet souvent d’améliorer les symptômes.

En conclusion, l’essoufflement, symptôme banal est parfois en rapport avec une pathologie qu’il faudra savoir rechercher notamment chez ceux qui ont une capacité physique diminuée par rapport à la théorique liée à l’âge, mais aussi à la taille et au poids.

Dans tous les cas, le diagnostic fait et le traitement débuté, l’activité physique sera conseillée.

Dr Dany-Michel Marcadet, Dr Laurie Fanon (Centre Cœur et Santé Bernoulli, Paris)

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